29 MARS 2019
Littéralement « musique feinte », la musica ficta désigne les accidents (notes étrangères à l’hexacorde ou notes altérées) non écrits qu’il faut ajouter dans une ligne mélodique. Quatre règles justifient leur ajout par l’interprète. Les deux premières relèvent de la nécessité (causa necessitatis).
La musica ficta désigne les accidents chromatiques (dièses et bémols) dans la terminologie de la musique du Moyen Âge tardif et de la Renaissance. Dans un grand nombre de cas, ces altérations n’étaient pas indiquées explicitement et dépendaient donc principalement de traditions orales.
On parle de musica ficta, par opposition à la musica recta, dans le cadre de la théorie des hexacordes et de la solmisation décrite par Guido d’Arezzo.
Les sauts d’octave, de quintes et de quartes justes sont chantées en restant sur la même syllabe de solmisation.
Si l’on veut rester dans les notes offertes par l’étendue totale de l’échelle de sons (le gamut) donnée par Guido d’Arezzo, on ne peut utiliser cette règle systématiquement que depuis un hexacorde naturel. En montant d’une quinte juste depuis D/sol/ré chanté sol, on se retrouve sur a qui ne peut se chanter que la, mi, ou ré. Si on chante sol sur a, en descendant l’hexacorde en chantant fa puis mi, on devra donc chanter un demi-ton entre G et F, ce qui nous fera chanter un F dièse. On entre dans le domaine de la musica ficta (musique fausse ou feinte)
Ce terme connaît deux définitions qui se recoupent parfois :
premièrement, on a parlé de musica ficta lorsque les chanteurs ajoutent des altérations non écrites sur les partitions (par exemple, des b bémol) pour « éclairer la mélodie ». Ceci pour éviter les tritons ou tout simplement pour faire plus « joli ». Cela peut être le cas tout en restant dans le cadre de la main guidonienne. Si l’altération est dans la portée, c’est le compositeur qui l’a écrite, et si l’altération est au-dessus de la portée, cela signifie que c’est le retranscripteur qui la suggère.
deuxièmement, la musica ficta concerne la musique chantée sur des syllabes ou des hauteurs de notes qui n’apparaissent pas dans la main guidonienne. Le terme s’oppose alors à la musica recta, qui reste sur les syllabes permises par la main.
La musica ficta a été rendue nécessaire par l’évolution de la musique au Moyen Âge et à la Renaissance.