30 OCTOBRE 2017
Partition Chœur : ave_verum_corpus-choeur
Partition piano : ave_verum-mozart-choeur-et-piano
On considérait que la prière fut composée au xive siècle à Reichenau aujourd’hui en Allemagne et son auteur est anonyme. Il est attribué par le codex 213 de Reichenau au « Pape Innocent » et son indulgence au « Pape Léon » . Dans la liturgie, elle sert à accompagner l’élévation de l’hostie pendant la messe ou pour saluer l’élévation du Christ sur la croix.
Toutefois, des spécialistes préfèrent, de nos jours, son origine en tant qu’un ancien trope qui accompagnait au Sanctus VIII, en grégorien
Ce chant liturgique a notamment été l’objet d’œuvres composées par William Byrd, Palestrina, Mozart, Schubert, Saint-Saëns, Franz Liszt, Gounod, Gabriel Fauré, Auguste Chérion, Tchaïkovski et Francis Poulenc. Ses quatre premiers vers latins sont rimés en ine.
Le motet de Mozart fut composé le 17 juin 1791 pour la fête du corps du Christ. Il l’a adressé à son ami Anton Stoll, qui était aussi l’ami de Josef Haydn. Ce motet de quarante-six mesures seulement est simplement écrit en sotto voce pour un chœur, des cordes et un orgue.
Quand il l’a écrit, Mozart travaillait sur la Flûte enchantée, il visitait sa femme Constanze enceinte de son sixième enfant près de Bade et il lui restait moins de six mois à vivre. Mozart mourut juste avant son trente-sixième anniversaire, le 5 décembre 1791. Tchaïkovski a repris cette pièce de Mozart dans son Mozartiana, et le chœur des garçons de Vienne a fait des enregistrements notables du même Ave verum corpus.
Ce texte a en fait inspiré de nombreux musiciens, dont Franz Liszt qui l’a paraphrasé sous forme symphonique dans À la chapelle Sixtine où il voisine d’ailleurs avec un emprunt au Miserered’Allegri. Mais l’achèvement le plus parfait est certainement celui qu’en fit William Byrd, souvent considéré comme le plus grand compositeur anglais de tous les temps, et dont l’Ave verumpour 4 voix atteint la perfection contrapuntique tout en permettant une extraordinaire expression d’humble détresse soumise au divin qui ne peut manquer de frapper le mélomane.
Cette pièce est comme une conclusion de ce grand siècle de la musique sacrée que fut la Renaissance, où Josquin des Prés, Johannes Ockeghem, Giovanni Pierluigi da Palestrina, Roland de Lassus, Thomas Tallis, Tomas Luis de Victoria, pour ne citer que les principaux, transportèrent la musique vocale jusqu’aux portes du ciel, avant que l’avènement du baroque ne renverse les valeurs de la composition en ramenant subitement les élans musicaux à l’expression de l’homme tel qu’il est : l’Ave verum de Byrd est à coup sûr une pièce hors du commun.
On a fait remarquer que dans le codex initial, les cinq voyelles sont liées diagonalement, une difficile coïncidence :
A VEVERUMCORPUSNATUMDEMARIAVIRGINE
V E REPASSUMIMMOLATUMINCRUCEPROHOMINE
CU I USLATUSPERFORATUMFLUXITAQUAETSANGUINE
EST O NOBISPRAEGUSTATUMMORTISINEXAMINE
OIES U DULCISOIESUPIEOIESUFILIMARIAE