Né à Sète et installé à La Haye depuis huit ans, le jeune pianiste et compositeur de jazz Guillaume Marcenac multiplie les expériences et les projets musicaux. Après la sortie d’un premier disque en mars 2015, il est actuellement à l’affiche de Billy Elliot au Circustheater et mettra les contes de Tomi Ungerer en musique le 21 juin.
Sa vie semble être une partition au tempo harmonieux. Nourri par les rencontres et les expériences musicales, Guillaume Marcenac paraît ne cultiver ni les silences ni les pauses trop longues. A 32 ans, il compose et arrange ses morceaux, joue au sein de différentes formations, écrit des musiques pour le théâtre, enseigne le piano, monte des projets pour les enfants, alterne festivals et plateaux télé. Il est en ce moment à l’affiche de la comédie musicale Billy Elliot au Circustheater à La Haye dans le cadre de son contrat avec la société de production néerlandaise Joop van den Ende. « Je suis pianiste, je fais mon métier », répond-il simplement quand on souligne la densité de son emploi du temps.
« L’apprentissage de la musique se fait plus en jouant qu’en écoutant un prof, assis dans une salle » estime-t-il. Né à Sète dans la même ville que Georges Brassens, Guillaume Marcenac n’a pourtant pas grandi dans une famille où la musique occupait le devant de la scène. Il est resté impressionné, gamin, en découvrant les compositions d’un élève de la « petite école de musique » où il était inscrit à Agde, et a d’abord appris le jazz en ouvrant grand ses oreilles.
Sa formation musicale se décline ensuite à travers plusieurs villes. Alors qu’il est en terminale à Montpellier, il suit les cours du Jam, passe deux années à Toulouse le temps de décrocher un diplôme d’état de piano jazz, et entre au Conservatoire royal de La Haye pour un Master. Partout, il donne des concerts et collabore avec différents artistes : Richard Calleja, Philippe Laudet, Louis Martinez, Khalil Ghadri…. « Ce qui me plaît dans la musique, c’est être au contact des musiciens ».
Les mirages de Dubaï
Ses études terminées, il part une année à Dubaï en 2010, engagé par l’agence de spectacle The Fridge. Il joue dans les hôtels cinq étoiles, écume les clubs de jazz, les festivals, et apparaît dans plusieurs émissions télé. Malgré une activité qui se développe et des propositions alléchantes, il s’en revient à La Haye. « Cela a été une superbe expérience mais le désert ça ne me plaisait pas. Dubaï est une oasis mais surtout un mirage où la prostitution est absolument partout et où des Philippins et des Pakistanais se tuent chaque jour au travail ». De retour en Hollande, il se marie et une petite fille naît en 2012.
En mars 2015, il sort Chansons à l’improviste, premier disque qu’il dit assumer à 100%. Enregistré au studio Wisseloord à Hilversum, ce CD auto-produit et pas encore distribué, reprend avec talent sept grands standards de la chanson française : Nougaro, Brassens, Piaf, Gainsbourg. « En jazz, l’improvisation est très liée à la composition, définir une frontière entre les deux est difficile. J’ai écrit mes improvisations pour les soustraire à leur caractère éphémère et les ai développées à l’intérieur de structures classiques plus complexes » Sa version de La Javanaise de Serge Gainsbourg est ainsi le résultat de douze variations sur une même piste, inspirées des sonates de Beethoven et Mozart. Légèreté rapide du rondo, polyrythmie enlevée du ragtime, atmosphère chaleureuse des films muets, sa musique a plusieurs sources et couleurs. Elle est aussi paisible et joyeuse, à l’image de ce qu’il dégage. Le jeune pianiste a partagé ce travail de création avec des oreilles expertes. « Pour ce disque je me suis entouré de plusieurs amis et de six professeurs de piano. J’ai beaucoup appris ».