Les femmes à la renaissance

17 AVRIL 2017

Sylvain Manyach

Si la renaissance est une période fastueuse pour les arts, la littérature, la poésie et les sciences, elle est cruelle pour les femmes. L’humanisme qui prévaut ne semble pas toucher le statut des femmes qui, globalement, décline. Le pater familias réduit en effet à peu de choses les libertés des femmes. Si certaines d’entre elles, comme Catherine de Médicis, jouent un rôle politique direct, ce n’est pas le cas le plus courant. Elles sont exclues des métiers à statut légal. Les hommes s’échangent les femmes par le mariage et tentent ainsi de consolider leur pouvoir. Aussi, nombres d’entre celles faisant partie de l’aristocratie se consacrent elles à la philosophie et aux arts, où elles jouent un rôle croissant. Ainsi en est-il de Margueritte de Navarre, sœur de François 1er. Le cas de Lucrèce Borgia, fille naturelle du cardinal et futur pape Rodrigo Borgia, est emblématique à cet égard. Instrument politique entre les mains de sa famille, obligée de se marier et de se remarier au gré des changements d’alliances, dotée d’une grande beauté, immortalisée par le peintre Bortoloméo Veneto, elle a été accusée bien à tort d’être une dépravée au sein d’une famille de fornicateurs invétérés. Son nom restera attaché à celui de protectrice des arts. Comment ne pas tomber amoureux de Lucrèce ?

Mais la renaissance est aussi une période de paradoxes foisonnants. Le juriste André Tiraqueau propose une nouvelle forme de contrat de mariage, au sein duquel les époux se doivent une mutuelle affection. Il s’ensuit une polémique durant plusieurs décennies autour du statut des femmes, appelée « la querelle des femmes », durant laquelle les propos les plus misogynes, mais aussi les plus féministes sont tenus.

Il n’en reste pas moins qu’il valait mieux, dans la société de cours en train de naître, être une courtisane qu’une épouse. Plaisir et savoir, poésie et sexe, luxure et musique caractérise alors les courtisanes. D’ailleurs, vous les voyez, toutes derrière moi, nos courtisanes.

La fillette était-elle une future courtisane ? peut-être. Faussement naïve, elle est avide des connaissances que lui propose son soupirant, lequel n’est pas pour autant sûr de son savoir.

Les hommes, pour leur part, n’étaient pas toujours des rustres, mais souvent des goujats, des goulamas. Ainsi, ce grand roi épris de renaissance italienne, François 1er, n’écrivit-il pas que « souvent femme varie, bien fol qui s’y fie » ? Nous savons, pour notre part, que seuls les imbéciles ne varient jamais.