Come Again

 4 DECEMBRE 2015

Partition : Come again







Soprane :
Ténor :

John Dowland est un compositeur et luthiste né en Angleterre ou en Irlande en 1563 et mort au début de l’année 1626.

Symbole entre tous (« Semper Dowland, semper dolens »…) de cette douce mélancolie dans laquelle se complaît volontiers la musique élisabéthaine, Dowland, luthiste et chanteur admiré en son temps, s’est pratiquement contenté de composer pour son propre usage, nous laissant ainsi une floraison de Songs or Aires et de pièces pour luth qui, par leur poésie et leur délicate sensibilité, ont suffi à assurer sa gloire.

Une gloire essentiellement posthume d’ailleurs, et plutôt récente puisque, jusqu’au xxe siècle, le compositeur était demeuré dans l’oubli. La justice est enfin rétablie à l’endroit de ce musicien errant qui, faute d’avoir été engagé par la reine Elisabeth, vécut plus de la moitié de sa carrière à l’étranger, transitant par Paris, par la cour de Brunswick, puis par l’Italie et à nouveau l’Allemagne, pour ensuite se fixer au Danemark où il passa environ huit ans comme luthiste de la cour, jusqu’à son retour définitif en Angleterre où il finit par entrer au service du roi en 1612.

Cette longue période de vie errante conserve du reste bien des mystères : on se plaît ainsi à évoquer l’idée de missions d’espionnage, une hypothèse qu’on ne saurait écarter à la légère tant il est vrai qu’en ces temps lointains, où ils constituaient une des rares populations habituées à se déplacer à l’étranger, on confiait volontiers aux musiciens des tâches que nous qualifierons pudiquement de diplomatiques.

Pièces pour luth

Comme il se doit, on y trouve pèle-mèle des fantaisies (ou fancies), des pavanes, gaillardes et courantes, des almains, et bien sûr des airs populaires célèbres tels que Fortune, Go from my window ou Walsingham (chansons transcrites et éventuellement traitées en variations). Sous les titres les plus divers, et dans des genres allant de la plus modeste almain aux plus complexes fancies (on pense notamment à la grandiose Forlorn Hope Fancy et aux célèbres Farewell, Lachrimae et Can she excuse), on a là, derrière l’impression de fluidité mélodique et polyphonique, des œuvres dont certaines font déjà pénétrer dans les voies nouvelles du xviie siècle. C’est dire que si les Anglais étaient en retard sur le continent pour la littérature destinée au luth, Dowland a œuvré brillamment pour les remettre dans la course.

S’agissant du style du compositeur, Paul O’Dette, un de ses plus brillants interprètes modernes, le présente ainsi : « Si, au début de sa carrière, son style est bel et bien anglais et élisabéthain, dans ses dernières pièces il adopte toutes les nouvelles techniques baroques : les trilles, l’appoggiature, le style brisé venu de France, de nouveaux rythmes de danse. Sa musique, qui se situe entre le style de la Renaissance et celui du baroque sans appartenir vraiment à aucun, est d’une ambivalence fascinante. Dowland a aussi fusionné différents styles nationaux : la tradition polyphonique anglaise, le style flamboyant et virtuose italien comme l’élégance du premier baroque français se fondent chez lui pour donner lieu à un langage tout à fait personnel. »